scenographies

Icebergs

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Les Océanographes, 2021

“Icebergs” est une scénographie de papiers conçu par Nadia Lauro pour la pièce Les Océanographes de Louise Hémon et Emilie Rousset.

“Icebergs” est un paysage abstrait, sorte de surface de projection mentale. Constituée de piles et de papiers volants, cet espace oscille entre l’archive délirante et l’imaginaire des paysages marins du grand Nord.
Une dramartugie du vent habite les lieux tout au long de la pièce, offrant une temporalité à l’espace de jeu.
Six mille pages au total , soit une dizaine de livres,  sont déployées dans l’espace et dessinent ce territoire.

Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021
Nadia Lauro – Icebergs - Icebergs 2021

Credits Les Océanographes

conception, écriture et mise en scène  Emilie Rousset et Louise Hémon

avec Saadia Bentaïeb et Antonia Buresi

musique  Julie Normal

conception et réalisation scénographie  Nadia Lauro

costumesc Angèle Micaux

création lumière  Willy Cessa

regard dramaturgique  Aurélie Brousse

régie générale et plateau  Margaux Maeght

régie son et vidéo  Romain Vuillet

régie lumière  Ludovic Rivière

stagiaire à la mise en scène  Benjamin Renault

production, administration   Les Indépendances

 

photos  Nadia Lauro, Philippe Lebruman

textes, film et archives
Racleurs d’océans, texte d’Anita Conti © Editions Galimard, collection Le Grand Dehors – Hoëbeke
Racleurs d’océans, film d’Anita Conti © Cinémathèque de Bretagne
archives sonores – Fonds Anita Conti, Archives de Lorient – Mémoire Normande, Normandie

 

création  T2G, Théatre de Genvilliers – Festival d’Automne à Paris, 2021

Production John Corporation
Coproduction T2G – Théâtre de Gennevilliers ; Théâtre de Lorient, Centre dramatique national ; Fonds d’aide à la création mutualisé (FACM), dispositif du PIVO théâtre en territoire – Scène conventionnée d’intérêt national – Points communs – Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise ; Le Phénix, scène nationale de Valenciennes.

En partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne et les Archives de Lorient
Action financée par la Région Île-de-France et avec le soutien du DICRéAM


Émilie Rousset et Louise Hémon s’emparent des archives d’Anita Conti, première femme océanographe française, pionnière de l’écologie, première scientifique à pénétrer le monde fermé des marins et à en ­témoigner.
En 1952, Anita Conti embarque sur un chalutier pour partager la dure vie des pêcheurs de morue en ­Atlantique, seule avec sa caméra et soixante hommes durant six mois. Cadencées par la houle incessante, les images qu’elle ramène sont rudes et poétiques. Ses prises de vues comme ses textes, réunis sous le titre Racleurs d’océans, font date. Militante d’avant-garde, elle pressent la nécessité du développement durable et de la protection des océans. Émilie Rousset et Louise Hémon mettent en regard les archives passées et les recherches actuelles en poursuivant leur réflexion pleine d’humour sur le discours des images. Le duo de metteuses en scène invente un dispositif théâtral composé d’images filmées en 16mm, de journaux de bord et d’interviews d’océanographes contemporaines. Sur scène, les comédiennes Saadia Bentaïeb et Antonia Buresi évoluent au son des ondes Martenot de Julie Normal. À travers les époques, l’évolution des technologies et des savoirs, que produisent les images scientifiques comme discours politique, comme potentiel poétique ?

 

« Une immensité liquide,hostile et dangereuse »
Entretien avec Louise Hémon et Émilie Rousset

Les Océanographes, votre nouvelle création commune, aborde le discours scientifique à travers le
portrait d’Anita Conti et le travail d’océanographes d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous a menées à ce
sujet ?

Louise Hémon : En 2016, pour notre film Rituel 3 : Le Baptême de mer, nous nous intéressions notammentau rituel du «passage de la ligne». Traditionnellement, en arrivant sur la ligne de l’équateur ou du cercle polaire, les marins arrêtent le bateau pour procéder au « baptême de “Neptune”, une fête exutoire codifiée et carnavalesque. En faisant des recherches dans les archives de la Cinémathèque de Bretagne, nous avons découvert Racleurs d’océans, un documentaire de 1952 signé Anita Conti. Il s’agissait de présenter, lors de conférences, une campagne de pêche à la morue
sur les bancs de Terre-Neuve. La réalisatrice n’a pas eu le temps de travailler le montage. Pourtant, le film dégage une force qui nous a éblouies.

Émilie Rousset : Ce film montre des images de marins déguisés en dieu Neptune et en pingouins,
mais c’est surtout un film qui montre les gestes précis et répétés des travailleurs de la mer, les tonnes
de poissons qui se déversent sur le pont. La houle incessante donne aux prises de vues une cadence
hypnotisante. Nous avons voulu en savoir plus ! À travers la lecture du journal de bord d’Anita Conti
intitulé, comme le film, Racleurs d’océans, nous avons découvert celle qui est derrière la caméra. La première femme océanographe française qui, depuis le port de Fécamp, embarque à bord du chalutier Bois Rosé, seule avec sa caméra et soixante hommes pendant six mois… Elle est la première à documenter la réalité du grand métier. Elle partage la dure vie des marins sur le bateau-usine, «dans la morue, jusqu’aux cuisses », dit-elle.

L. H. : Le regard d’Anita Conti empreint de tendresse pour les travailleurs de la mer capte la brutalité de la tuerie et témoigne de la destruction massive des bêtes marines. Comme tant de femmes pionnières, son travail demeure trop méconnu. Elle a écrit, photographié, filmé, elle a été une des premières à tester le bathyscaphe avec Jean Painlevé, elle a conçu des projets de chalutiers plus écologiques avec le commandant Cousteau. Son livre Racleurs d’océans a été un best-seller dans les années 1950.

Vous avez également rencontré deux océanographes d’aujourd’hui. Comment mettez-vous
en rapport leur travail avec celui d’Anita Conti ?

E. R. : La modernité du combat d’Anita Conti et la beauté trouble de ses prises de vues nous ont menées jusqu’aux images actuelles de l’intelligence artificielle développées dans les laboratoires de l’Ifremer de Lorient. Nous y avons rencontré Julien Simon et son projet surréaliste baptisé Game of Trawls. Il développe un logiciel de «reconnaissance faciale » des poissons qui permettra à un robot d’identifier en temps réel les espèces prises dans le filet. Ce projet permettra une
plus grande sélectivité de cette pêche en relâchant les prises non ciblées.

L. H. : Nous avons aussi rencontré Dominique Pelletier qui a mis en œuvre un dispositif d’imagerie
sous-marine sans plongeur pour l’observation des communautés de poissons dans les habitats côtiers. Elle travaille à la préservation de la biodiversité.

À ce jour, quel dispositif dramaturgique imaginez-vous ?

L. H. : Nous travaillons sur le hors-champ. Dans ses textes, Anita Conti décrit des scènes que nous ne voyons pas dans son film et nous donne accès à ses pensées. Le dispositif que nous cherchons est
la mise en regard de ces différents éléments, de ce que l’imaginaire du spectateur va projeter, et comment cette matière mentale va se télescoper avec les images du film, puis avec la description de l’imagerie contemporaine.

Avec la scénographe Nadia Lauro, à quel espace travaillez-vous ?

L. H. : Nadia Lauro nous plonge dans un paysage abstrait, sorte de surface de projection mentale.
Constitué de piles et de papiers volants, cet espace oscille entre l’archive délirante et l’imaginaire des
paysages marins du grand Nord. Une dramartugie du vent habite les lieux tout au
long de la pièce, offrant une temporalité à l’espace de jeu. Six mille pages au total, soit une dizaine de
livres, sont déployées dans l’espace et dessinent un paysage. Pas de colle, seulement un assemblage
mécanique de feuilles de papier aérées, réutilisables ou recyclables.

Credits Les Océanographes

conception, écriture et mise en scène  Emilie Rousset et Louise Hémon

avec Saadia Bentaïeb et Antonia Buresi

musique  Julie Normal

conception et réalisation scénographie  Nadia Lauro

costumesc Angèle Micaux

création lumière  Willy Cessa

regard dramaturgique  Aurélie Brousse

régie générale et plateau  Margaux Maeght

régie son et vidéo  Romain Vuillet

régie lumière  Ludovic Rivière

stagiaire à la mise en scène  Benjamin Renault

production, administration   Les Indépendances

 

photos  Nadia Lauro, Philippe Lebruman

textes, film et archives
Racleurs d’océans, texte d’Anita Conti © Editions Galimard, collection Le Grand Dehors – Hoëbeke
Racleurs d’océans, film d’Anita Conti © Cinémathèque de Bretagne
archives sonores – Fonds Anita Conti, Archives de Lorient – Mémoire Normande, Normandie

 

création  T2G, Théatre de Genvilliers – Festival d’Automne à Paris, 2021

Production John Corporation
Coproduction T2G – Théâtre de Gennevilliers ; Théâtre de Lorient, Centre dramatique national ; Fonds d’aide à la création mutualisé (FACM), dispositif du PIVO théâtre en territoire – Scène conventionnée d’intérêt national – Points communs – Nouvelle Scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise ; Le Phénix, scène nationale de Valenciennes.

En partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne et les Archives de Lorient
Action financée par la Région Île-de-France et avec le soutien du DICRéAM